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BAYER/Baytown

Juillet 2004

Explosion chez BAYER à Baytown/Texas

«Cela fait partie de notre vie ici»

«Je suis inquiète. Tout le monde à Baytown est inquiet», dit Jean Higman à la Houston Chronicle. Son voisin, Burt McBride, tente de la rassurer : «Il ne faut pas se faire tant de soucis. Cela fait partie de notre vie ici.»

Higman et McBride peuvent voir de leur jardins l'usine BAYER, dans la ville texane de Baytown, située à 50 km à l'est de Houston. Au printemps une unité de production de toluidine (TDA) a explosé et le bruit de l'explosion s'est entendu à des kilomètres à la ronde. «J'ai d'abord pensé que c'était un coup de tonnerre», ajoute Toni McBride, la femme de Burt McBride. «Mais ce qui était inhabituel, c'est que toute la maison a tremblé». McBride et ses fils ont couru dans le jardin et ont vu les flammes et une haute colonne de fumée.

Le TDA est une produit qui sert à la fabrication du polyuréthane que l'on utilise dans les matériaux isolants, les matelas, les frigidaires et les sièges de voiture. La production de polyuréthane fait l'objet de critiques car dans celle-ci intervient également le phosgène, gaz très toxique.

Dès le lendemain de l'important accident de Baytown, une équipe d'experts des usines allemandes de BAYER est arrivée sur place pour enquêter sur les causes de l'explosion. La raison de cette précipitation : BAYER produit le TDA aussi à Dormagen, en Allemagne. On y trouve depuis peu le plus grand site de production de TDA au monde, d'une capacité annuelle de 200.000 tonnes.

Malgré la rapidité de l'enquête, les informations données au public sont restées vagues: d'après les déclarations de la porte-parole de BAYER, Cherie Laughin, «le démarrage du réacteur aurait conduit à un état instable »qui aurait entraîné« une augmentation de la concentration de certains produits chimiques dans le réacteur. "Finalement, le réacteur a explosé, mettant le feu à une conduite d'isoprène". Laughin a refusé de donner plus de précisions en invoquant «le secret du processus de fabrication du TDA«.

Le patron de BAYER, Werner Wenning, et le ministre-président Peer Steinbrück avaient inauguré le nouveau site de production de TDA à Dormagen le 4 décembre 2003, quelques mois auparavant seulement. La COORDINATION CONTRE LES DANGERS DE BAYER (CBG) et le BUND (Friends of the Earth Germany) de la Rhénanie du Nord-Westphalie avaient fait appel il y a deux ans contre l'autorisation d'ouvrir ce site et demandé l'application d'un processus de production sans chlore, donc comportant moins de risques. Les associations pour la protection de l'environnement ont aussi critiqué l'énorme consommation d'eau d'environ 30 millions de mètres cube par an. Le site a pourtant été autorisé et construit comme l'avait souhaité BAYER.

A Dormagen, la distance entre les installations de l'usine et la population alentour est bien moindre qu'à Baytown. Déjà en 1997, un réacteur TDA a explosé à Dormagen, 12 tonnes du produit chimique se sont échappées et ont jailli en partie au-delà de l'enceinte de l'usine - même un train qui passait a été touché. Des nuages de fumée ont atteint les zones d'habitation proches. La composition du gaz incendiaire n'a pas été révélée, l'examen médical des riverains, réclamé par les écologistes, n'a pas eu lieu. La CBG a demandé dans une lettre ouverte à l'ancien ministre président Rau de rendre public les causes de l'accident d'alors, ainsi que les risques pour les riverains. «A long terme, les sites dangereux doivent être installés loin des zones d'habitation» continuait la lettre.

L'incident de Baytown nourrit de nouveau les inquiétudes. La CBG s'est donc une nouvelle fois adressée au gouvernement de la Rhénanie du Nord-Westphalie pour attirer l'attention des autorités sur l'accident survenu au Texas et enquêter sur les risques éventuels pour les riverains de Dormagen. On ne sait surtout pas si les processus de production sont semblables à Baytown et à Dromagen et si une explosion est possible ici aussi. Fin juin, plus de quatre mois plus tard, il n'y a toujours pas eu de réponse.

par Philipp Mimkes