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Des Pesticides

LIBERATION, 7 janvier 2008

Pesticides: le Gaucho et le Régent bientôt à la barre

Ouverte depuis février 2004, l'instruction relative à ces insecticides, accusés d'avoir décimé les ruches, est close. Le procureur de la République a trois mois pour rendre son réquisitoire.

Le 23 février 2004, coup de tonnerre dans le milieu de l'agrochimie: les groupes Bayer et BASF sont mis en examen, en tant que personnes morales, ainsi que leurs PDG respectifs, pour "mise en vente de produits agricoles toxiques nuisibles à la santé de l'homme ou de l'animal".

C'était l'aboutissement d'un combat de dix ans mené par les apiculteurs français, persuadés que deux insecticides produits par ces firmes: le Gaucho et le Regent, étaient des "serial killers", à l'origine de la surmortalité de leurs abeilles et du déclin de leurs ruches.
Le lendemain de ces mises en examen, le Régent, produit par BASF, est interdit par le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard. Quant à l'autorisation de mise sur le marché du Gaucho, produit par Bayer CropScience, pour le traitement des semences de maïs et de tournesol, elle est retirée en juillet 2004.

Trois ans plus tard, dans un courrier adressé aux différentes parties, la juge d'instruction a indiqué avoir clos le dossier le 26 décembre après communication d'une "ultime pièce". Elle doit le transmettre incessamment au procureur de la République, qui a désormais un délai maximal de trois mois pour rendre son réquisitoire définitif.

"Nous attendons désormais le procès avec impatience, même si nous pensons qu'il nous faudra être patients" en raison du report à septembre 2008 du procès d'un précédent volet concernant l'importation de Regent à partir d'Espagne, a déclaré à l'AFP Jean-François Cauquil, membre de l'Union nationale de l'apiculture française, l'association à l'initiative du dépôt de plainte.
Ce procès, audiencé en décembre dernier à Saint-Gaudens, avait été reporté en raison de la grève des avocats dans ce tribunal menacé par la réforme de la carte judiciaire.

"Vu l'influence et le poids des firmes Bayer et BASF, nous avons longtemps craint que le procès ne soit jamais organisé", a souligné Jean-François Cauquil, qui a insisté, en tant que président de l'Association de défense des victimes des pesticides agricoles, sur l'incidence sur la santé des ces insecticides : des "des traces de ces produits" ont été retrouvées "dans le lait, l'huile de tournesol ou la margarine de tournesol". En février 2007, des parlementaires avaient réclamé une commission d'enquête pour connaître les raisons de la surmortalité des abeilles.