Le Monde, 09.11.03
Bayer : Un secteur de plus en plus exposé aux risques environnementaux
Pressé par la Bourse de séparer ses activités chimie et pharmacie, Bayer a fini par céder à la demande. Cette séparation, aux yeux des marchés, permet de mieux comprendre les activités et aussi de mieux séparer les risques de chacune d‚entre elles. Et les risques, chez Bayer, sont multiples.
Dans la pharmacie, le groupe doit faire face à un certain nombre de recours en justice. Aux Etats-Unis, il est poursuivi par l‘inventeur du Viagra, Pfizer, pour violation de brevet. En avril, Bayer a aussi accepté de payer une amende de 5,6 millions de dollars (4,8 millions d‚euros) à l‘administration américaine et plus de 250 millions de dollars et de dommages et intérêts pour avoir pratiqué des prix trop élevés sur les médicaments. Dans l‚agrochimie, le groupe se heurte aux apiculteurs, en France notamment, qui ne cessent de dénoncer les méfaits de son insecticide – le gaucho – pour les abeilles. Les polémiques grossissent aussi autour de ses recherches dans les OGM.
Mais c‘est dans la chimie que les risques paraissent désormais les plus importants. La plupart concernent la sécurité et le respect de l‚environnement. Sur certains sites, le groupe se trouve confronté à des problèmes considérables, la remise en état de certains terrains, à l‘exemple de ce qui s‚est passé pour Metaleurop en France, pouvant se chiffrer en dizaines de millions d‘euros. Conscients des risques encourus, les grands groupes ont d‚ailleurs transféré les problèmes à leurs filiales de chimie en s‘en séparant. Même si celles-ci n‚ont ni le bilan ni les résultats pour y faire face.
L‘annonce de nouvelles réglementations européennes dans la chimie, fortement critiquées par la branche en Allemagne, rend le sujet encore plus délicat, et pourrait avoir fortement incité Bayer à abandonner sa chimie.
Martine Orange