LETTRE OUVERTE A BAYER CROPSCIENCE
Le travail des enfants chez des fournisseurs de la filiale de BAYER
A: Werner Wenning, CEO, Bayer AG
Dr. Jochen Wulff, CEO Bayer CropScience AG
Duesseldorf, Berlin, Stuttgart, 20 décembre 2003
Messieurs,
par cette lettre, nous, „Coordination contre les méfaits de BAYER“, „Germanwatch“ et „Global March against Child Labour“, nous adressons à vous pour vous faire part de notre inquiétude en ce qui concerne l‚emploi massif d‘enfants dans la culture semencière du coton en Inde, travail dont profite aussi l‚entreprise du groupe Bayer ProAgro. Afin de protéger ces enfants, nous nous permettons d‘insister pour que Bayer prennent immédiatement des mesures préventives énergiques.
L‚étude „Child Labour and Transnational Seed Companies in Hybrid Cottonseed Production“, réalisée par l‘institut indien de Hyderabad „Global Research and Consultancy Services“ confirme que des enfants sont employés par les fournisseurs de ProAgro, Monsanto, Unilever, etc. ce qui constitue une atteinte aux règles édictées par l‚Organisation Internationale du Travail ainsi qu‘aux autres règles internationales telles que celles de l‚OCDE. ProAgro, qui fait partie du groupe Bayer depuis 1999, est parmi les entreprises concernées.
Bayer s‘est engagée à ne pas tolérer de travail des enfants (en adhérant p. ex. à Global Compact) et votre entreprise a reconnu que le problème existait bel et bien chez ses fournisseurs semenciers indiens. C‚est pourtant seulement en septembre 2003 qu‘une réunion a eu lieu entre les entreprises semencières concernées et le comité indien de défense des droits des enfants Mamidipudi Venkatarangaiya Foundation (MV Foundation) à Hyderabad. Lors de cette réunion, des entreprises, au nombre desquelles on compte ProAgro, ont admis leur responsabilité en ce qui concerne l‚emploi de main-d‘uvre infantile. Depuis, les mois ont passé sans que des actes fassent suite aux promesses. Une nouvelle réunion a eu lieu le 13 décembre 2003 entre la MV Foundation et les entreprises concernées et un calendrier accompagné de mesures concrètes a été fixé d‚un commun accord.
Nous attendons de Bayer et de sa filiale ProAgro, qu‘elles prennent toutes les mesures nécessaires pour mettre fin au travail des enfants et qu‚elles tiennent immédiatement les engagements auxquels elles se sont engagées lors de la réunion. De plus, nous exigeons, qu‘en accord avec les autorités locales, elles financent un programme de remise à niveau scolaire aux enfants ayant travaillé chez leurs fournisseurs.
Il ne suffit pas d‚affirmer que Bayer ne tolère pas le travail des enfants, pas plus qu‘il ne suffit d‚ajouter aux contrats, conclus avec les producteurs de semences, une clause stipulant qu‘ils doivent renoncer au travail des enfants. Cet clause doit être assortie d‚informations sur le plan local, de contrôles et surtout d‘un prix d‚achat des semences plus élevé, et rentabilisant l‘emploi d‚adultes pour les entreprises locales.
On sait par expérience que la re-scolarisation d‘enfants ayant été retirés de l‚école pour travailler est rarement couronnée de succès. Après une saison de travail chez les producteurs de semences de coton (cette saison dure en moyenne sept mois), la plupart des enfants, ce sont en grande majorité des filles, ne reçoit plus aucune formation scolaire. En travaillant pour les fournisseurs dépendant de Bayer/ProAgro, ces enfants âgés de 6 à 14 ans perdent leur perspective d‘avenir. De plus leur santé est gravement menacée, car les règles de protection contre les maladies et les accidents du travail ne sont pas respectées, p. ex. lors de l‚utilisation de pesticides.
Nous restons en étroit contact avec nos partenaires indiens de la MV Foundation et nous serons très attentifs au fait que Bayer/ProAgro prenne effectivement les mesures promises dans les délais fixés. Etant donné que le comportement de Bayer/ProAgro viole les règles de l‘OCDE concernant les multinationales, nous envisageons actuellement l‚éventualité d‘une procédure judiciaire.
Nous vous prions de nous indiquer quelles mesures, vous et les responsables de ProAgro, comptent prendre pour mettre rapidement et totalement fin au travail des enfants chez vos fournisseurs.
Dans l‚attente d‘une réponse, que nous espérons prompte, nous vous prions d‚agréer, Messieurs, l‘expression de nos sentiments distingués.
Philipp Mimkes
Coordination contre les méfaits de BAYER
Postfach 15 04 18
40081 Duesseldorf
info@cbgnetwork.org
Cornelia Heydenreich
Germanwatch e. V.
Voßstraße 1
10117 Berlin
heydenreich@germanwatch.org
Rainer Kruse
Global March against Child Labour/Germany
Spemannstr. 15
70186 Stuttgart
kruserainer@surfeu.de