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Pillage colonial

Courrier international – 20 févr. 2006

AFRIQUE – Des ressources biologiques pillées par l‚Occident

„Des douzaines de multinationales occidentales réalisent des millions d‘euros de bénéfices en exploitant les ressources biologiques de l‚Afrique, prises à certains des pays les plus pauvres de la planète sans que ces derniers reçoivent le moindre centime en retour“, note The Independent. Dans leur quête d‘échantillons de matériaux vivants, allant des plantes aux bactéries, les sociétés pharmaceutiques sont accusées de violer la Convention des Nations unies sur la biodiversité de 1992, qui stipule que chaque pays est souverain sur ses propres ressources naturelles.

Le quotidien londonien s‚appuie sur le rapport copublié par Edmonds Institute, une ONG basée aux Etats-Unis et qui s‘occupe de questions environnementales, et le Centre africain pour la biodiversité, basé en Afrique du Sud.

„C‚est une nouvelle forme de pillage colonial“, affirme Beth Burrows, de l‘Edmonds Institute. „Le rapport identifie plusieurs matériaux récoltés en Afrique à destination des laboratoires occidentaux, qui développent et déposent des brevets sur des produits qui rapportent des millions d‚euros. Ces matériaux vont de la plante rampante recherchée par les jardiniers d‘Europe au remède naturel contre l‚impuissance ou au microbe utilisé pour décolorer les jeans.“

Mariam Mayet, du Centre africain pour la biodiversité, dénonce „le mépris et le manque de respect affichés par les multinationales à l‘égard des ressources de l‚Afrique“. Parmi les compagnies épinglées, le rapport cite la Britannique SR Pharma, qui détient le brevet sur une bactérie collectée en Ouganda dans les années 1970 et utilisée pour développer un traitement contre des infections virales chroniques, dont le VIH. L‘allemand Bayer exploite pour sa part une bactérie venant du Kenya, qui sert à produire un médicament pour les diabétiques. Quant à l‚américain Genencor, il se sert de microbes découverts dans les lacs kényans de la vallée du Rift pour les décolorations dans l‘industrie textile. Or, dans tous ces cas, les entreprises ne reversent rien aux pays d’où proviennent ces ressources et assurent que les produits commercialisés sont dérivés et non pas originaux.

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