23 février 2004
Abeilles/Insecticide – Gaymard interdit le Fipronil
Le ministre de l‚Agriculture Hervé Gaymard a interdit à compter de mardi la commercialisation de six insecticides, dont le Régent TS, contenant du Fipronil, une molécule soupçonnée de décimer les abeilles.
Cette décision, qui „entraîne l‘interdiction de commercialiser ces produits et de les utiliser sur le territoire national, (…), s‚appliquera à compter de sa notification à BASF demain“, a dit le ministre lundi soir lors d‘une conférence de presse.
„Cette décision s‚appliquera, sauf fait scientifique nouveau dûment établi, jusqu‘à ce que l‚autorité européenne de sécurité des aliments prenne position“, ce qui est prévu au plus tard le 31 décembre 2005, a-t-il dit.
* Les autres produits frappés d‘interdiction, commercialisés aussi par BASF, sont le Régent 5 GR, le Schuss, le Métis, le Texas et le Zoom.
* Conformément au code rural, un délai peut être accordé „pour supprimer, écouler, utiliser les stocks existants“, a rappelé le ministre. Il a aussi accordé un sursis aux agriculteurs détenteurs de ces semences enrobées, qu‚ils pourront semer encore ce printemps.
* Le ministre a souligné qu‘il n‚y avait pas d‘effets nocifs pour le consommateur ou l‚utilisateur.
Hervé Gaymard a également demandé une étude sur la toxicité d‘une molécule entrant dans la fabrication d‚un autre insecticide mis en cause par les apiculteurs, le Gaucho. Un avis sur ce produit doit lui être remis d‘ici un mois. Le Gaucho „a des propriétés comparables à celles du Fipronil“, a souligné le ministre.
* Pour avis, il a saisi l‚Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) et l‘Agence française de sécurité sanitaire pour l‚environnement (Afsse). En vue de l‘éventuelle „suspension d‚autorisation“ de commercialisation du Gaucho, il a parallèlement décidé d‘engager une procédure auprès des industriels qui devront faire part de leurs observations.
BACHELOT POUR INTERDIRE AUSSI LE GAUCHO
Sa décision est intervenue quelques heures après la mise en examen par un juge de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) de la société Bayer CropScience France et de son directeur général. Cette société a commercialisé le Fipronil de juin 2002 à mars 2003. La semaine dernière, la société BASF Agro, qui commercialise depuis l‚an dernier le Fipronil, et son président-directeur général avaient également été mis en examen dans le même dossier.
Ces mises en examen pour „mise en vente de produits agricoles toxiques nuisibles à la santé de l‘homme et l‚animal“ et „complicité de destruction de bien d‘autrui“ avaient été assorties d‚une interdiction immédiate de commercialisation du Régent TS. Depuis plusieurs années, des apiculteurs, des associations écologistes et des scientifiques accusent le Régent TS de tuer les abeilles.
Ils mettent aussi en cause un autre insecticide, le Gaucho de Bayer CropScience France, qui contient un autre actif dont l‘usage a été interdit pour les cultures de tournesol, d‚être également responsable de cette hécatombe.
Dans un communiqué, Bayer CropScience France a déclaré que sa mise en examen „était attendue“. „Cela fait partie du déroulement normal de la procédure. Elle permettra à Bayer CropScience France d‘avoir accès à toutes les pièces du dossier et de faciliter la manifestation de la vérité“, a déclaré Franck Garnier, le directeur général. „Nous avons des expertises et des contre-expertises prouvant le contraire en ce qui concerne ces mises en dangers“, a-t-il par ailleurs indiqué.
Selon Joël Chéreau, président du syndicat des apiculteurs professionnels de la région Midi-Pyrénées, plus de 2.500 colonies d‚abeilles ont été décimées depuis avril 2003 dans la région.
La ministre de l‘Ecologie Roselyne Bachelot s‚est prononcée lundi pour „l‘interdiction totale“ du Régent et du Gaucho.
„Je milite depuis de longues années pour l‚interdiction totale des insecticides Régent et Gaucho à base de Fipronil“, qui „menacent la vie des abeilles“, a-t-elle dit sur France 2. Roselyne Bachelot s‘est prononcée pour „la suppression, l’interdiction totale de ces produits“, vente et stocks compris.
par Paule Bonjean, PARIS, 23 février